L'HISTOIRE DES CONSCRITS
Car il n'y a pas de patrimoine sans Histoire, les Conscrits ne datent pas d'hier, cette tradition résulte d'une longue histoire militaire qui commence à la Révolution française et même avant !
Alors...
Suivez le guide...
Vers 1760
La Milice Provinciale
Avant la révolution, la Monarchie disposait de deux moyens pour remplir les rangs de son armée et assurer ses guerres.
Les militaires de carrière, souvent issus de famille défavorisées et la milice provinciale recrutée par tirage au sort selon les hommes répondant aux critères et ce par paroisse. Mais à l'époque, les pots de vin étaient souvent utilisés pour éviter aux garçons de bonne famille de partir et se faire remplacer par un plus pauvre...
Révolution Française
l'Appel au Volontariat
L'Assemblée Nationale est née le 20 mars 1791 avec le Serment du Jeu de Paume et quelques mois plus tard, en juin, il se pose la question d'une armée nationale on parle à cette époque d'une "Garde Nationale". Mais les députés sont divisés et en Juillet-Août il est décidé de faire appel a des volontaires et de lever 97 000 hommes. À la mi-août le contingent est porté à 101 000 hommes. Et en 1792 lorsque la guerre contre l'Autriche et la Prusse éclate, 400 000 hommes sont en poste.
Cependant, en mois de deux mois les bataillons ont fondu à vue d'oeil et 220 000 "Gardes Nationaux" étaient encore mobilisés, les autres "volontaires" étaient déjà rentrés chez eux.
Vers 1793
La Levée en Masse
La loi du 24 février 1793 ordonne - après de vifs débats à l’Assemblée entre les Girondins, actuelle droite et les Montagnards qui représentent l’actuelle Gauche de la Chambre Basse- la levée de 300 000 hommes. La loi prévoit même la réquisition des célibataires et veufs sans enfants de
dix-huit ans à quarante ans, celle-ci présumant le manque de «volontaires» dans ces circonstances. Cette dite Loi fait partie des éléments qui déclenchèrent notamment la guerre de Vendée.
Le 23 aout 1793, le Comité de Salut Public, nouvel organe délibérant mis en place par la Convention, institue la « Réquisition des citoyens français contre les ennemis de la République ». Ce décret crée la « Levée en masse » qui concerne les hommes de 18 à 25 ans. Le but était de faire face à la baisse subite des effectifs de l’armée révolutionnaire française due aux pertes humaines, aux désertions mais surtout au départ massif des volontaires trouvés en 1792 qui ont estimés pouvoir rentrer chez eux, l’ennemi autrichien ayant été repoussé hors des frontières.
Cette levée en masse permet de passer de 200 000 hommes en février à plus de 500 000 en juillet pour terminer l’année 1793 avec plus de 800 000 hommes répartis en 15 armées. Mais la quantité ne fait pas la qualité. Malgré le nombre croissant d’hommes engagés, cette armée très hétéroclite est peu efficace.
1798
La Naissance du Conscrit
Le 5 septembre 1798 la Loi Jourdan est adoptée. L’article majeur est sûrement l’article III du titre premier intitulé « principes ». Il affirme que l’armée de terre se forme par enrôlement volontaire et par conscription militaire. Le Conscrit est né !
Ce sont les municipalités qui sont chargées de la confection des registres de conscription. Quel que soit son état de santé ou son statut social, nul ne peut se dérober à cette inscription s’il est âgé de vingt à vingt-cinq ans, célibataire ou marié.
1801-1802
La Loi du tirage au sort
Dès l’an X (1801-1802), le tirage au sort fait son retour tout comme le système de remplacement. Qui permet aux plus aisés d’éviter la conscription. Napoléon devenant de plus en plus exigeant en hommes. Le nombre des conscrits appelés monte en flèche : 80 000 hommes en 1806 au lieu de 60 000 antérieurement, puis 120 000 hommes de 1811 à 1813.
Les maires sont au cœur du système de conscription. Dès qu’est connu le chiffre de contingent de la nouvelle levée, les maires doivent constituer la liste des de ceux qui doivent le constituer mais aussi doivent recueillir les réclamations de ceux qui pensent ne pas pouvoir y appartenir pour raisons médicales ou sociales.
A partir de ces listes, le sous-préfet rédige des listes cantonales, et le tirage au sort est effectué à l’aide de bulletins glissés dans une urne suivi du contrôle de la taille (min 1m65). Et le contingent est définitivement recruté à l’occasion du conseil de recrutement qui se déroule dans les chefs-lieux de canton en présence du préfet.
1814-1818
Ça s'en va, et ça revient...
En 1814 un sursaut national nait avec une révolte des Français. Ce sursaut contraint Napoléon à abdiquer en avril 1814. Le comte d’Artois, frère du futur Louis XVII et lui-même futur Charles X promet donc la suppression de la conscription.
Elle fut rétablie en 1818 par la loi Gouvion-Saint-Cyr, sa s’appeler conscription mais « appels obligés ». Dès lors et jusqu’en 1872 le principe sera le même : un petit nombre d’hommes levés par tirage au sort au sein des conscrits pour un service de longue durée et la possibilité en cas de tirage d’un « mauvais numéro » de se payer un remplaçant. L’inégalité est donc toujours très présente.
Fin du XIXe siecle
La Culture du conscrit, le début de la fête
La loi Niel de 1868 ne parvient pas à supprimer cette inégalité de sort des conscrits, pas plus que la loi militaire de transition du 27 juillet 1872. Il faut attendre la victoire politique des républicains pour connaître des évolutions fondamentales qui vont créer une véritable « culture du conscrit ».
Le 15 juillet 1889 est votée la loi militaire après de vifs débats à
l’Assemblée. Le principe fondamental est celui consistant à raccourcir le temps passé à l’armée pour le rendre socialement acceptable, mais de compenser ce raccourcissement par des dispenses beaucoup plus rares. Le service militaire passe à 3 ans au lieu de 5. La loi impose aux curés et séminaristes d’aller faire un service dont ils étaient, jusqu’alors, dispensés.
Ce service n’est pas égalitaire pour autant. Les bacheliers, fort peu nombreux il est vrai à l’époque, ne font qu’un an de service, tout comme d’autres catégories.
1905
Bon pour le service, bon pour les filles et bon pour la fête !
En 1905, la loi Bertaux supprime le tirage au sort,
les payements de remplaçants ainsi que les exemptions à l’exception des inaptitudes physiques. Désormais, tous les hommes sont appelés pour deux ans pour un service égal et obligatoire. La loi rétablit donc le principe d’égalité de tous devant le service militaire. Le service est réduit à deux ans puisque le nombre d’appelés augmente ce qui permet
de maintenir le contingent armé à son niveau antérieur même si la loi prévoit « dans le cas où les circonstances paraîtraient l’exiger » à maintenir un an supplémentaire
la classe en cours. La loi Berteaux est donc la loi fondatrice du service militaire du XXe siècle.
Courant 1900
Le Rite de passage
Après la première communion, pour le plus grand nombre, le certificat d’études ou l’entrée précoce dans le monde du travail, le temps du service militaire et de la conscription devient le dernier rite d’initiation des jeunes Français.
Le conscrit, porté sur les listes de sa commune dans sa vingtième année, connaît d’abord le « conseil de révision » qui se tient dans le chef-lieu de canton, en présence du sous-préfet ou d’un de ses représentants. Des médecins-majors examinent – fort rapidement – des cohortes de jeunes hommes nus et se prononcent sur leur capacité physique et mentale à effectuer leur service militaire. En cas de mauvaise santé, les jeunes conscrits peuvent être réformés ou exemptés.
Ces deux statuts sont alors vus comme des infamies par les regards sociaux de l’époque. De fait, le conseil de révision est assimilé, à un moment où la consommation de services médicaux est très faible, à une véritable certification de virilité. Le dicton « Bon pour le service, bon pour les filles » a alors valeur d’or.
Par la suite le service militaire à connu son apogée et les différentes fêtes sont nées aux six coins de l’hexagone. Comme chez nous, à Morteau avec la tradition du bonhomme qui apparaît fin des années 10 et se démocratise dans les années 20.
Les classes ont permis à nos troupes de se renouveler pendant les deux guerres mondiales mais aussi lors des conflits armés de la deuxième moitié du siècle à l’image de la Guerre d’Algérie.
1997
La suspension du service millitaire ... la fin des conscrits ?
En 1997 le service militaire tombe en désuétude, la dissuasion nucléaire et l’unité européenne obtenue au fil des années porte ses fruits. Malgré quelques conflits armés sur le Globe, le retour d’une guerre mondiale semble loin. Jacques Chirac suspend donc, sans le supprimer, le Service Militaire traditionnel au profit d’une armée de métier. La Journée d’appel et de préparation fait son arrivée pour tous les jeunes de 16 ans recensés.